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Atelier "Chronologie" (20 mars 2022)

Image de Possessed Photography

Je regarde la terre sombre, fluide

 

Qui s’écoule et cale les intervalles

 

Remplis d’air qui vacillent au souffle nouveau 

 

Je ne respire pas, non ! Je suis mort

 

Pourtant l’air passe, repasse, trépasse

 

Rouge amarante, tonic, le lombric

 

Trace et retrace ses galeries enfouies

 

Il anime mon espace

 

Celui ou ma vie s’est arrêtée

 

Abandonné ici, par les flots, les éléments déchainés

 

Je ne le voulais pas !

 

J’exulte, je prospère et prospère la terre

 

A ma terre je rends grâce

 

Je la travaille, la façonne, elle produit, elle se donne

 

Je l’élève, la guide, l’ameublit l’’enrichi

 

Elle fructifie, multiplie, je lui confie,

 

Ce que je plante, que j’en racine et que je vole au vent.

Par Marie Thérèse André Gaulupeau

 

 

Je suis mort

 

Je suis mort sans m'en rendre compte. Mais comment ai-je pu mourir comme ça ! ?

Je n'avais bu qu'une bière, une blanche, celle que je préfère, vous savez la bouteille avec un phénix doré sur l'étiquette. J'étais zen. J'étais parti chez mon pote. J'avais pris ma guitare cars nous avions répétition ce soir-là. Bus, tramway, j'étais arrivé sans problème.

Nous avions fait une bonne répétition. Nous avions plaisanté, ris, peut-être bus encore une ou deux bières. Puis nous nous sommes quittés :

« Salut, à mardi prochain ! »

« Ouais salut ! »

J'ai marché jusqu'à l'arrêt du tramway, la tête pleine de musique de nos blagues et de nos rires. J'ai posé un pied sur la voie, le sourire aux lèvres et les cheveux dans les yeux, heureux. Je n'ai pas entendu le tramway arriver, trop stone.

Comment ai-je pu mourir comme cela, sans m'en rendre compte ? !

Par Tatchock

 

                                         

Crânes sur le rebord de la fenêtre
AUTOTANATOGRAPHIE

FIN. Trois lettres. Aujourd’hui s’achève l’histoire de ma courte vie. Le rideau est tombé sur mes pensées bavardes et mes voix intérieures se sont tues, laissant place à un silence ouaté et apaisé.

J’espère que ceux qui restent n’en éprouveront pas trop de tristesse, les larmes ont assez coulé comme ça.

« C’est une fille ! »... Mon premier cri, pleur primal, remonte au milieu des années 80, en une soirée grise du mois de janvier. Inspirant mon premier souffle, j’expérimente la déchirure de l’air dans mes poumons et la trop grande clarté de ce monde.

C’est que ce monde est vaste et dangereux et la petite fille que je suis en prend très vite la pleine mesure. Bobos, adieux, bisous du soir, non-dits, chamailleries… Je chiale, pleure, chouine quand je n’éclate pas de mon rire clair.

Puis l’amour et les garçons s’en sont mêlés. Les petites contrariétés se sont transformées en grands désespoirs. C’est qu’à seize ans on souffre comme il faut, de toute son âme, jusqu’au bout de ses orteils.

Je suis souvent tombée, me suis souvent ramassée. Longues chutes vertigineuses ou gadins amusants, le cœur écorché ou les genoux à vif. La vie n’est finalement qu’un chemin semé d’embûches et la meilleure façon de vivre longtemps et d’apprendre à choir.

Hier, je suis tombée dans un trou creusé par les agents de la voirie. Un trou comme une blague ou une peau de banane glissante posée là. Les passants ont à peine caché leur amusement.

Je suis née dans les larmes et me retire dans les rires.

Par Aurélie

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