LETTRE ADRESSÉE A...

par Antoine

 

Chère Nina,

Je n’ai pas eu l’occasion de vous connaître, et pourtant, nous avons quelques liens de parenté. Ma grand-mère m’a parlé de vous, avec ses mots. Je reconnais votre souffrance. Ce nom qu’elle porte, vous n’en êtes pas responsable. Vous n’étiez sans doute pas prête à assumer une vie adulte. Quelques étapes ont été grillées…

J’imagine ce dimanche funeste, où le fracas a interrompu sinistrement le sermon du prêtre. A votre douleur aussi cruelle qu’énigmatique, se sont ajoutés les ragots des villageois.

Mais vous aviez déjà quitté le monde des convenances, des habitudes et des faux-semblants. Tantôt seule, tantôt au combat contre des ennemis invisibles, vous avez suivi votre propre vérité.

« Elle est folle, Nina » disaient les autres.

Pensez-vous que l’un d’eux aurait pu vous aider ? Mais ni l’époque, ni les petites gens qui vous entouraient ne permettaient d’envisager un quelconque appui. Vous avez enduré un martyr que peu de gens peuvent imaginer.

On dit que vous faisiez peur aux enfants. Mais s’est-on préoccupé de vos peurs à vous ?

J’ai une question, Nina : avez-vous été percutée accidentellement, comme tout le monde le prétend, où bien était-ce une façon d’éliminer définitivement les pièces incohérentes d’un puzzle insoluble ?

Je veux vous dire encore que votre souffrance est respectable, tout comme vous, et je ferai mon possible pour que votre nom ne soit pas oublié.