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textes a lire

Situation : une personne prend son petit déjeuner dimanche matin et quelqu'un sonne à la porte...

L'ambiance est plutôt à l'altercation, la personne qui sonne à la porte n'étant pas attendue.

Un dialogue s’instaure…

 

Par Géraldine Pichon

 

10 heures du mat. On est quel jour déjà… ?

Ha ouais...dimanche, ouf ! Je vais pouvoir me fumer mon petit joint tranquille peinard, sans personne pour me faire chier… À pas savoir quel sandwich choisir, avec tomates, sans tomates sans salade, sans gluten et est-ce que c'est bio? Et nanani et nananan...

Je me refaisais déjà le film d'une journée de boulot alors que c'était cool pour moi pour une fois. Toujours cette fâcheuse tendance à mettre du noir sur une page blanche. Mes pensées ont dû être exaucées car à 10h03 on sonna à ma porte.

Putain merde fait chier… obligé de tout poser, de planquer le matos avant d'ouvrir.

-"Toi ici ? Mais qu'est-ce que tu fous à cette heure là ? "C'était le petit voisin du dessus. Il était statique devant la porte et ne disait rien mais son corps parlait pour lui.

"Pourquoi, pourquoi, pourquoi… ?" Dit-il en me frappant soudainement avec ses petits poings d'adolescent. "Pourquoi tu veux pas être mon frère ? Pourquoi t'es pas mon frère ?"

Ces cris finirent par s'estomper pour laisser place à des pleurs effroyables celles qui vous prennent aux tripes pour en faire des nœuds.

-     C'est trop injuste, reprit-il.

-     Je ne peux pas Jérémy, je ne peux pas remplacer ton frère et personne ne le pourra. Il faut que tu te mettes ça dans la tête. Je ne suis pas celui que tu crois et je ne veux pas que tu t'attaches à moi. En même temps que je m'entendis dire ces mots, mon cœur se déchira.

-     Allez viens, entre.

Jérémy releva la tête et me sauta dans les bras.

-     Tu vas m'apprendre à jongler ?

-     Tu veux ?

-     Oui oui oui je veux jongler dans la rue comme toi je veux être comme toi !

-     Je veux bien t'apprendre à jongler mais à une condition : que tu joues comme avant avec tes copains. Allez viens on va d'abord se balader dans la montagne.

Le voisin du dessus
Par Epigraphe

    L’Élise était exceptionnellement fermée ce dimanche matin, pour cause de rage de dents du patron. Voilà qui m’avait foutu le bourdon dès le début de la journée. Qu’est-ce que j’allais bien me mettre dans le ventre, moi, sans l’expresso bien serré et le croissant rituel de Ludwig, qui dirigeait le bistrot de main de maître ?
    
    J’avais fini par dénicher un fond de boîte de Ricoré lorsque l’interphone, qui d’habitude, pourtant, n’était jamais fichu de marcher correctement, sonna. Bouuup ; crch, crch, crch. J’avais l’impression qu’un vieux tuberculeux me crachotait dans l’oreille.

    - C’est qui ?
    - Bonjour, c’est votre voisin du dessus !
    - Lequel, le grabataire ou le barjot ?
    - Enfin, ni l’un ni l’autre, monsieur, répondit la voix d’un air piqué, je suis l’étudiant en M1 d’archéologie !
    - Ah bon ? Mais je ne vous ai jamais vu, d’abord ! Vous louez la chambre de bonne ?
    - Oui, bien que l’expression « de bonne » soit incorrecte pour des raisons sur lesquelles je ne m’étendrai pas maintenant. Voyez-vous, je suis très pris par mes nombreuses activités ; c’est pourquoi vous n’avez pas encore eu l’honneur de me croiser.
    
    En voilà un qui se croyait extrait direct du jarret de Jupiter !

    - Bon, mais qu’est-ce que vous me voulez, mon gars ? C’est pas une heure pour déranger le voisinage, ça !
    - « Déranger » est un peu fort, et bien au contraire, vous constaterez que j’ai attendu 8 heures du matin, l’horaire légal des contingences sonores. Voulez-vous donc bien ouvrir ?

    Par réflexe, j’appuyai sur le bouton du bout de mon doigt. C’est qu’il ne m’avait même pas expliqué pourquoi il avait sonné, le bougre ! J’entendis des pas lourds mais vifs dans l’escalier, puis quelques coups secs sur la porte.

    Je l’entrouvris pour découvrir un gaillard taillé dans le menhir, habillé d’un improbable justaucorps en Spandex, avec ce que ma nièce appelle des lègue–des lègue-heinsse.
 
    - Mon brave, je vous remercie, dit-il. Comprenez que j’étais en proie à une pneumonie des plus fatalement immédiates, comme cela, dehors, sans mes clés.
    - Mais c’est qu’on guinchait au bal masqué ? m’écriai-je.
    - Non point, non point ! Quelle insolence ! C’est ma tenue « casual », cher monsieur….

Dialogue
Par Lauretta

Je suis réveillé par la lumière à travers les volets de ma chambre. Il doit être tard. Dehors, les cloches se mettent à sonner et je compte onze coups. Sacrée grâce matinée. Debout ! Mon ventre gargouille. C’est l’appel du Nutella. Sur la table de la cuisine, il y a un mot de ma mère, avec son écriture « pattes d’araignée » : Sommes au marché. A toute ». Je me fais des tartines de Nutella. Je suis bien content  d’être seul, je vais pouvoir regarder la télé peinard. Rémi (mon grand-frère) dort sûrement encore, il a fait la fête hier soir, comme tous les weekends.
On sonne à la porte.  J’ouvre : un grand blond avec des dreadlocks se tient devant moi, et me sourit bizarrement.
Euh… bonjour, c’est pour quoi ?
Salut ! Est-ce que Rémi est là ? je n’arrive pas à le joindre alors…
Je fronce les sourcils ; ce type a l’air louche, il a pas les yeux en face des trous, une belle gueule de camé, pas frais et tout vaseux … bref la même race que mon crétin de frère.
Faut que je le voie. C’est urgent.
Non, il est pas là.
J’imagine que ce Bob Marley norvégien est le « fournisseur » de mon frère.  Je ne suis pas sensé le savoir, mais je sais. Les enfants c’est comme les chiens, on a un sixième sens.
T’es sûr qu’il est pas là ? Tu peux vérifier et toquer à sa chambre ?
Non, pas la peine j’te dis, il est absent. Je sais pas où il est mais ici ya personne à part moi.
Du haut de mon mètre quarante je le fixe avec dédain. Le type a l’air furieux. Je l’empêche de voir un bon client. M’en fous. Bien fait pour Rémi, aussi. Le gars s’avance un peu plus vers moi et passe la tête à l’intérieur, avec une mine de fouineur.
Dégage, ya rien à voir !
Eh oh, tu pourrais être plus aimable ! Rémi m’avait pas dit que son petit frère était un bouledogue.
Il rit bêtement, d’un rire compulsif, désinhibé.  S’il ne faisait pas trois têtes et trente kilos de plus que moi je l’aurais frappé, ce con.
Tu pourras dire à ton frère que « Zumpi » est passé. Il comprendra. Dis-lui de me rappeler fissa.
Je suis pas sa secrétaire !
Je lui claque la porte au nez.
Je retourne à mes tartines. Je trempe mon index dans le Nutella avec délectation.
Je suis un sale gosse, et ça me plait !

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