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Textes faits en atelier saison 2017-2018

atelier couleurs
1er octobre 2017

COULEURS
Par Britte B

NOIR négritude
NOIR trahison
NOIR vol d'enfants
NOIR folie des mères
NOIR excision
NOIR enfants-soldats
NOIR esclavage
NOIR viol
NOIR émasculation

Mon coeur saigne et se révolte

NOIR  massacres sanglants
NOIR extermination
NOIR exode
NOIR mort
NOIR deuil
NOIR sang séché
NOIR os calcinés
NOIR chairs lacérées
NOIR membres amputés

Mon coeur hurle de douleur et pleure

NOIR peur
NOIR terreur
NOIR savoir
NOIR innocence perdue
NOIR humiliation
NOIR colère
NOIR désespoir
NOIR haine
NOIR suicide


Mon coeur explose de tant d'horreurs

ROUGE honte
ROUGE traumatismes
ROUGE vies brisées
ROUGE cadavres noyés
ROUGE Méditerranée
ROUGE indifférence
ROUGE ne pas vouloir voir
ROUGE laisser-faire
ROUGE stupeur

Mon coeur, ton coeur, son coeur avec les nôtres
Se tendent tous ensemble pour plus d'humanité
Et toi que te chuchote ton coeur?...

Perle
par Anne


Perle pleure pour un oui pour un non. Perle a le cœur brisé. Son bel amour, son Hidalgo, a joué pour elle « silence radio ». Sa vie a viré au gris. Le gris perle.

Perle pleure le matin. Avant même d'avoir posé le pied à terre, elle rêve d'un vase blanc. Il se brise. Elle ouvre un œil. Elle pleure. Au petit déjeuner, elle pleure aussi, sur ses deux tartines de pain gris…

Perle pleure à midi. Parking d'un super U à Paris. Son sachet en papier s'est déchiré. Patatras ! Toutes les boîtes de conserve ont roulé. Perle fond en larmes sous un ciel blanc.

Perle pleure le soir. L'heure a changé. Son chat Tornado tarde à rentrer. Elle s'inquiète d'un soudain mal au ventre. L'hiver, le vent, la pluie… elle redoute l'heure blanche de la nuit, Perle.

La nuit grise.

Sur sa radio tourne en boucle la chanson de Julien Clerc. « Hey, Niagara ! Tes sanglots sont si longs que je m'y noie ! »

Les dentelles fraîches - la la la - de ses grands mouchoirs lilas - ont vu plus d'écume - la la la - que les chutes du Niagara... 

Mais ne dit-on pas « Après la pluie le beau temps » ?

Perle a pris un pseudo sur Meetic où tout est beau. Demain, elle s'appellera…

...Framboise !

 

COULEURS

par Anne

 

L'étoile a pleuré rose au creux de tes oreilles
L'infini roulé blanc de ta nuque a tes reins

Mes mains ont saigné rouge sur ce manque éclatant
ô ma berbère aimée, mon sang pour toi donné !
Coquelicot de mes dents qui passaient sur ta bouche
La fleur, la fièvre offerte aux pupilles pompier

Je murmurais tes mots, tes folies écarlates
Alors tu gémissais sur la forge électrique
Pulsant des feux carmins et crachant des étoiles

L'infini roulé blanc de ta nuque à tes reins
Lentement recouvert par tout ce bleu de Klein !

 

COULEURS

Par Joël

 

D'une expédition au fin fond de l'Amazonie péruvienne, a été ramenée la photo de l'écorce d'un arbre inconnu. Elle a une couleur sombre quasiment noire avec diverses nuances, striée de blanc. Toutes les bonnes volontés sont sollicitées pour nous aider à identifier cette nouvelle espèce d'arbre non encore identifiée.

D'après le noir de Pierre Soulages



 

ANGOISSE BLEUE

Par Joël

Docteur, je suis inquiet. Je ne sais pas pourquoi.
Quand je marche dans la rue et que je voie une voiture de couleur bleue, j'ai des crises de panique. Je n'ose plus sortir de chez moi. J'ai dû me débarrasser de toute la vaisselle en faïence bleue que j'avais héritée de mon grand-père. Je ne pouvais plus m'en servir sans que cela me provoque des bouffées d'angoisse. Ça m'a pris d'un coup car, pendant des années, j'ai dormi dans une chambre aux murs de couleur bleue sans que cela me pose de problèmes. Je dors désormais dans le canapé du salon. J'ai dû arrêter de travailler ne pouvant plus porter mon uniforme, de couleur bleue comme vous l'aurez deviné.
Docteur, aidez-moi. Que m'arrive-t-il avec la couleur bleue?


 

LE HOMARD

par Antoine

 

Victime d’une anomalie génétique très rare, je suis né bleu. Je suis un homard bleu. A cause de cette enfance difficile dans les profondeurs de l’océan, bien en dessous des reflets azurés des vagues, je n’ai pas pu m’empêcher de nourrir une jalousie maladive à l’égard de mes congénères à la pigmentation ordinaire. Brimades, bizutage, moqueries ont été mon quotidien. Puis, la roue a tourné. Je suis le seul à avoir survécu à l’appétit féroce des hommes. Le marin pêcheur, quand il me vit, crut être devenu fou. Il fut pris d’une peur bleue et me remit à l’eau.

Aujourd’hui, je suis le plus admiré des homards, même si l’absence de certains de mes anciens camarades, qui n’ont pas eu la même chance que moi, me donne un peu le blues.

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